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Les végétariens cherchent à diminuer les souffrances des animaux : c’est fort bien ; mais il faudrait aussi penser à l’homme. Or il est certain que le labourage de la terre, l’ensemencement, la culture, la récolte, la mouture du blé exigent au moins autant d’efforts que l’engraissement des bestiaux.

Un bœuf fournit près de 125 kilogrammes de bonne viande. Est-ce que, pour arriver à mener un bœuf a son poids normal, le travail et les peines de l’homme ne sont pas moindres que pour produire 500 kilogrammes de farine ? C’est à ce point de vue, semble-t-il, qu’il faut se placer. Puisque avant tout il s’agit d’économiser les souffrances et le labeur de l’homme, mieux vaut lui faire produire 500 kilogrammes de farine et un bœuf que 2,000 kilogrammes de farine.

En somme, il est certainement absurde de prétendre que l’homme a besoin de viande pour se nourrir ; mais vouloir supprimer la