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qui prend l’être en pleine force et qui anéantit sa conscience par un coup soudain, sans amener l’anéantissement final à la suite d’une longue série de douleurs savamment ménagées et progressives.

C’est être humain pour les animaux que de les tuer vite et bien. S’il y a cruauté de l’homme, c’est surtout dans le plaisir de la chasse ; car beaucoup d’animaux estropiés, blessés, échappent au chasseur, pour aller mourir dans un trou, après de longues heures d’effroi et de souffrance. Mais, à l’abattoir, la mort est prompte, et on peut dire qu’elle est douce.

Ainsi, pour ce qui est de l’animal, on ne peut dire que nous soyons vraiment cruels en les sacriliant pour en faire notre nourriture.

Reste la question de savoir si l’alimentation animale est nécessaire. Sur ce point, Tolstoï