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manger quand la faim est apaisée, en dépit des plats succulents qu’on lui présente.

Si nous comparions la quantité d’aliments qui suffit à un paysan et celle qui est nécessaire à un riche, nous serions tentés de dire que ce sont deux êtres d’espèce différente. Un pêcheur se contente d’un morceau de pain avec un peu de fromage, et le touriste qui accompagne le pêcheur emporte tout un attirail de cuisine, non que la nécessité physiologique soit plus impérieuse pour lui que pour le pêcheur ; mais il a pris l’habitude de manger au delà de sa faim, et de ne quitter la table que quand il lui est matériellement impossible de manger davantage.

L’Arabe qui accompagne le voyageur sportique en excursion dans le désert se contente d’un peu de pain dur et de quelques dattes ; et ce n’est pas sans un certain mépris qu’il considère les paniers de provisions, les boîtes de conserves et autres ingrédients innom-