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puisse la corriger en achetant de bonnes lunettes.

La montre était jadis un objet de luxe. Grâce aux progrès de la fabrication, elle est devenue un objet usuel, qui ne coûte presque plus rien. Il y a cinquante ans, on donnait une montre comme présent de noces ; c’était un grand luxe, permis à quelques privilégiés ; tandis qu’aujourd’hui il n’y a pas d’ouvrier qui n’ait une montre, car il suffit d’économiser 6 ou 8 francs pour en avoir une. Il y a quelques jours, je voyais un petit ouvrier de quatorze ans, du port de Toulon, qui marchait pieds nus dans la poussière, n’ayant pour tout vêtement qu’une chemise et un pantalon rapiécé. Eh bien, il avait une montre. Et cet objet, qui était jadis de grand luxe, lui était aujourd’hui plus facile et plus nécessaire qu’une jaquette et des souliers ; car la douceur du climat permet, là-bas, de vivre, au moins en été, presque sans vêtements.