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évangélique aurait un sens, si on remplaçait les mots : « faute d’adultère », par libertinage, débauche ou quelque chose de semblable qui n’exprime point un acte, mais une qualité.

Et je me demandais : mais n’a-t-on pas voulu dire tout simplement ici que quiconque répudie sa femme, outre qu’il est lui-même coupable de libertinage (puisque chacun ne répudie sa femme que pour en prendre une autre), expose sa femme à commettre adultère ? Si, dans le texte original, le mot traduit par « adultère » peut avoir la signification de libertinage, le sens du passage est clair.

Et je vis se reproduire ce qui m’était déjà arrivé fréquemment dans des cas semblables. Le texte vint confirmer mes suppositions, de sorte qu’il ne pouvait plus y avoir de doutes.

La première chose qui me frappe à la lecture du texte, c’est que le mot πορνεία, traduit par le mot « adultère », tout comme μοιχάσθαι est un mot bien différent. Mais peut-être ces deux mots sont-ils synonymes et s’emploient-ils dans les Évangiles l’un pour l’autre ? Je consulte les dictionnaires et je vois que le mot πορνεία, qui correspond en hébreu à « zono, » en latin à « fornicatio », en allemand à « hurerei », en français à « libertinage », a un sens très précis, n’a jamais signifié d’après aucun dictionnaire et ne peut pas signifier l’acte d’adultère, l’Ehebruch, comme l’a traduit Luther et comme l’ont fait depuis les Allemands. Il signifie un état de dépravation, une qualité, non pas un acte et ne peut pas être traduit par « adultère ». Je vois de plus que le mot adultère est exprimé partout, dans l’Évangile, ainsi que dans ce passage, par un mot μοιχεύω. Et je n’eus qu’à corriger cette traduction incorrecte,