Sur quoi donc est basé le commentaire que le divorce est permis en cas d’adultère de la femme ? Sur ces mots du trente-deuxième verset du chap. v, qui m’avaient singulièrement frappé. Ces mêmes paroles, tout le monde les explique dans ce sens, que Jésus permet le divorce en cas d’adultère de la femme ; ces mêmes paroles sont répétées dans nombre de copies des Évangiles au chap. xix de Matthieu, et chez plusieurs Pères de l’Église, au lieu des mots : « Si ce n’est pour cause d’adultère ».
Et je me mis de nouveau à relire ces paroles. Je fus longtemps à ne pouvoir les comprendre. Je voyais qu’il devait y avoir une faute de traduction et des erreurs de commentaires ; mais où était la faute ? Je ne pouvais la trouver : quant à l’erreur, elle était évidente.
Opposant son commandement à la loi de Moïse, d’après laquelle chaque homme « qui prend en aversion sa femme ; peut la renvoyer de la maison, après lui avoir écrit une lettre de divorce, » — Jésus dit : « Mais moi je dis que quiconque répudie sa femme, sauf pour faute d’adultère, celui-là l’expose à devenir adultère ». Je ne vois dans ces paroles rien qui permette d’affirmer qu’il soit permis ou défendu de se divorcer. Il y est dit que « quiconque répudie sa femme l’expose « à commettre » adultère ; puis, subitement on fait une exception pour la femme coupable d’infidélité. Cette exception qui se rapporte à la femme coupable d’infidélité, quand il est question de l’homme, est en général étrange et inattendue ; mais ici, en particulier, elle est tout bonnement absurde, parce qu’elle anéantit même le sens fort douteux qu’on pouvait attribuer à la phrase.