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femme, si ce n’est en cas d’adultère, la fait devenir adultère ; et que quiconque épouse celle que son mari aura renvoyée commet un adultère. »

Voici quel était pour moi le sens de ces paroles : « L’homme ne doit pas admettre, même en idée, qu’il puisse s’approcher d’une autre femme que celle avec laquelle il s’est une fois uni, et il ne peut jamais plus l’abandonner pour en prendre une autre, comme il est dit dans la loi de Moïse. »

Si le premier commandement contient le conseil d’étouffer la colère dans son germe, et met ce conseil en lumière par la comparaison avec un homme que l’on mène devant les juges, dans le second, Jésus déclare que la débauche provient de ce que hommes et femmes se considèrent les uns les autres comme des instruments de volupté. Pour qu’il n’en soit pas ainsi, il faut écarter tout ce qui excite à la volupté, éviter de donner l’éveil à la volupté, et, s’étant uni avec une femme, ne jamais l’abandonner sous aucun prétexte ; car cet abandon produit la débauche. Les femmes abandonnées séduisent d’autres hommes et introduisent la débauche dans le monde.

La sagesse de ce commandement me frappa. Il supprime tout le mal qui, dans le monde, est la conséquence des rapports sexuels. Les hommes, convaincus que Ia licence des rapports sexuels aboutit aux querelles, éviteront tout ce qui donne éveil à la volupté, et, sachant que la loi humaine est de vivre par couples, — s’uniront en couples sans jamais enfreindre cette union. Tout le mal provenant des dissensions que l’attrait sexuel occasionne sera supprimé, parce qu’il n’y aura plus ni hommes ni femmes privés de rapports sexuels.