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Représentons-nous des Russes, des Anglais, des Chinois, des Indiens ou même de sauvages insulaires et nous verrons que chaque peuple a toujours des règles pratiques, des lois qui régissent son existence ; par conséquent, si un maître enseigne une nouvelle loi il abolit par cela même l’ancienne ; il ne peut enseigner sans l’abolir. Il en sera partout ainsi : en Angleterre, en Chine et chez nous.

Ce maître abolira inévitablement des lois que nous sommes habitués à considérer comme presque sacrées ; chez nous, toutefois, il pourrait arriver qu’un réformateur qui viendrait enseigner une nouvelle loi n’abolisse que nos lois civiles, le code officiel, nos coutumes, sans toucher à ce que nous considérons comme nos lois divines, quoique cela soit difficile à supposer.

Mais au milieu du peuple juif qui n’avait qu’une loi — toute divine, — loi qui englobait toute la vie dans ses moindres détails, au milieu d’un pareil peuple, qu’aurait pu enseigner un réformateur qui aurait déclaré d’avance que toute cette loi était inviolable ?

Admettons que cela n’est pas non plus concluant. Essayons d’interpréter les paroles de Jésus comme une affirmation de toute la loi de Moïse ; mais alors, qui sont donc ceux que Jésus a combattus pendant tout son ministère, qu’il a accablés en les appelant pharisiens, scribes, docteurs de la loi ?

Quels sont donc ceux qui ont repoussé la doctrine de Jésus et, leurs grands prêtres en tête, l’ont crucifié ?

Si Jésus approuvait la loi de Moïse, ou étaient donc les vrais observateurs de cette loi, qui la pratiquaient sincèrement et que Jésus approuvait pour cela ? Se peut-il qu’il n’y en eût pas un seul ? Les pharisiens,