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mal ; non, elles ne font que l’augmenter. Depuis des milliers d’années, vous essayez de détruire le mal par le mal et vous ne l’avez pas détruit, vous l’avez augmenté. Faites ce que je dis — et ce que je fais — et vous saurez si c’est la vérité.

Et non seulement il le dit, mais il accomplit par tous les actes de sa vie et par sa mort cette doctrine : « Ne résistez point au méchant. »

Les croyants écoutent tout cela, ils écoutent lire cela à l’église, persuadés que ce sont des paroles divines ; ils appellent Jésus Dieu ; puis ils disent : tout cela est admirable, mais impossible, vu l’organisation de notre existence, — cela dérangerait toute notre existence, et nous avons nos habitudes que nous aimons. C’est pourquoi nous croyons à tout cela, mais seulement dans ce sens : que c’est l’idéal vers lequel doit tendre l’humanité, l’idéal que l’on atteint en priant et en croyant aux sacrements, à la rédemption et à la résurrection des morts. Les autres, les incrédules, les libres penseurs qui commentent la doctrine de Jésus, les historiens des religions, — les Strauss, les Renan, etc., — complètement imbus des enseignements de l’Église qui dit que la doctrine de Jésus se concilie difficilement avec notre conception de la vie, racontent avec beaucoup de sérieux que la doctrine de Jésus est, en effet, une doctrine de visionnaire, consolation des esprits faibles, qu’elle était bonne à prêcher dans les hameaux de la Galilée, mais que, pour nous, ce n’est qu’un doux rêve du « charmant docteur, » comme dit Renan.

À leur avis, Jésus ne pouvait pas s’élever à la hauteur de la sagesse de notre civilisation et de notre culture. S’il avait été au niveau du développement intellectuel