Peut-être, me disais-je, Jésus n’avait-il pas eu affaire aux cours de justice et n’y avait-il pas pensé ; mais je vois qu’on ne peut pas faire cette supposition. Jésus, dès sa naissance et jusqu’à sa mort, avait eu affaire aux tribunaux d’Hérode, du Sanhédrin et des grands prêtres.
En effet, je vois que Jésus parle souvent des cours de justice comme d’un mal. Il dit à ses disciples qu’on les jugera devant elles et leur enseigne comment ils devront s’y comporter. Il disait de lui-même qu’on le condamnerait en justice et montrait l’attitude qu’il fallait garder devant les juges. Il s’ensuit que Jésus avait pensé aux institutions judiciaires qui devaient le condamner, lui et ses disciples ; qui condamnent et ont condamné des millions d’hommes.
Jésus voyait ce mal et le visait directement. Quand on va mettre à exécution la sentence prononcée contre la femme adultère, il nie absolument la justice humaine ; il démontre que l’homme n’est pas juge, puisqu’il est lui-même coupable. Et cette pensée il la formule plusieurs fois, en disant qu’avec un œil trouble on ne peut pas distinguer un grain de sable dans l’œil d’un autre et qu’un aveugle ne peut pas conduire un aveugle. Il va jusqu’à signaler les conséquences de cette aberration : le disciple deviendra comme son maître.
Peut-être, cependant, après s’être prononcé à l’occasion du jugement de la femme adultère, après avoir indiqué dans la parabole de la poutre et du brin de paille l’incompétence de tout être humain, admet-il, quand même, l’appel à la justice des hommes dans les cas où l’on a besoin de se garantir des méchants ; mais je vois que cela est inadmissible.
Dans le sermon sur la Montagne, il dit en s’adres-