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possibilité de rendre ce témoignage, non pas en paroles, mais en fait. Toute violence, la guerre, le brigandage, les exécutions, s’accomplissent, non pas par les forces inconscientes de la nature, mais par des hommes aveugles et privés de la connaissance de la vérité. Par conséquent, plus ces hommes font de mal à un chrétien, plus ils sont loin de la vérité, plus ils sont malheureux et plus la connaissance de la vérité leur est nécessaire. Or un chrétien ne peut pas transmettre sa connaissance de la vérité autrement qu’en s’abstenant de tomber dans ces erreurs dans lesquelles sont plongés les hommes qui leur font le mal, c’est-à-dire en rendant le bien pour le mal. Et c’est en cela l’œuvre de la vie d’un chrétien et tout le sens de sa vie indestructible par la mort.

Les hommes unis entre eux par l’erreur forment pour ainsi dire une masse compacte. La force d’attraction qui unit les molécules de cette masse est précisément le mal répandu dans le monde. Toute l’activité raisonnable de l’humanité a pour objet de dissoudre la force d’attraction de la masse.

Toutes les révolutions sont des tentatives de briser cette masse par la violence. Les hommes se figurent que s’ils martèlent cette masse, elle se brisera, et ils la battent en brèche ; mais, en s’efforçant de la briser, ils ne font que la forger.

Ils auront beau la marteler, la cohésion des atomes persistera jusqu’à ce qu’une force intérieure se communique à chacun des atomes et leur donne une impulsion qui désagrège la masse.

La force qui enchaîne les hommes est le mensonge, l’erreur ; la force qui détache chaque individu de la