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tout cela confirme maintenant à mes yeux la vérité de cette doctrine et m’attire vers elle.

Jésus a dit : « Quand vous élèverez le Fils de l’homme, vous serez tous attirés vers moi. » Et je sentis que j’étais attiré vers lui irrésistiblement. Il a dit encore : « La vérité vous affranchira, » — et je me sentis parfaitement affranchi.

Que l’ennemi fasse invasion, ou tout simplement que de méchantes gens m’attaquent, pensais-je autrefois, et, si je ne me défends pas, ils nous dévaliseront, nous feront violence, nous tourmenteront, me tueront, moi et les miens, et cela me faisait trembler. Mais tout ce qui me troublait jadis me paraît maintenant joyeux et corroborer la vérité. Je sais maintenant que l’ennemi et ces malfaiteurs ou brigands sont tous des hommes comme moi ; qu’ils aiment comme moi le bien et haïssent le mal, qu’ils vivent, comme moi, toujours à la veille de la mort ; qu’ils cherchent, comme moi, leur salut et le trouveront seulement dans la doctrine de Jésus. Tout le mal qu’ils me feront sera un mal pour eux-mêmes ; par conséquent, ils doivent me faire le bien. Mais, si la vérité leur est inconnue et qu’ils font le mal croyant faire le bien, moi je ne connais la vérité que pour la montrer à ceux qui ne la connaissent pas, et je ne puis pas la leur montrer autrement qu’en repoussant toute participation au mal et en confessant la vérité par mes actes.

Arrive l’ennemi : des Allemands, des Turcs, des sauvages, et si vous ne leur faites pas la guerre, ils vous extermineront, entends-je dire.

Cela n’est pas vrai. S’il y avait une société chrétienne d’hommes ne faisant de mal à personne et donnant tout