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sont venus par Jésus-Christ (Jean, i, 17). La doctrine de Jésus est le bien et la vérité. Auparavant, je ne connaissais pas la vérité et je ne connaissais pas le bien. Prenant le mal pour le bien, je tombais dans le mal et je doutais de la légitimité de ma tendance vers le bien. Maintenant, j’ai compris et je crois que le bien vers lequel je me sens attiré est la volonté du Père, l’essence même de ma vie.

Jésus me dit : Vis pour le bien, défie-toi des pièges, des tentations (σκὰνδαλον) qui, en te séduisant par l’apparence du bien, te privent du vrai bien et te jettent dans le mal. Ton bien, c’est ton union avec tous les hommes ; le mal, c’est la violation de l’unité du Fils de l’homme. Ne te prive pas toi-même du bien qui t’est accordé.

Jésus m’a montré que l’unité du Fils de l’homme, c’est-à-dire l’amour des hommes entre eux, n’est pas seulement le but auquel doivent tendre les hommes, un idéal placé devant eux, mais que cette union, cet amour des hommes les uns pour les autres est leur état normal et bienheureux, celui dans lequel naissent les enfants, comme l’a dit Jésus, dans lequel vivent toujours tous les hommes, jusqu’à ce que cet état soit troublé par le mensonge, les chimères et les tentations.

Non seulement Jésus m’a montré cela, mais il m’a encore clairement, — sans erreur possible, — énuméré dans ses commandements toutes les tentations qui me frustraient de cet état naturel d’union, d’amour et de bonheur en me livrant en proie au mal. Les commandements de Jésus me donnent des remèdes pour me sauver des tentations qui me privaient de mon bien ;