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Comblez donc la mesure des iniquités de vos pères… et voici, je vous enverrai des prophètes, des sages et des scribes. Vous tuerez et crucifierez les uns, vous battrez de verges les autres dans vos synagogues et vous les exilerez de ville en ville. Qu’il retombe donc sur vous tout le sang innocent répandu sur la terre depuis Abel… »

« Tout blasphème (calomnie) sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne sera point pardonné. »

On dirait vraiment que cela a été écrit hier contre ces hommes qui ne courent plus la mer et la terre en calomniant l’Esprit saint et en convertissant les hommes à une religion qui les rend pires qu’ils n’étaient, mais qui forcent tout simplement les gens à embrasser leur religion, et persécutent et font périr tous les prophètes et tous les justes qui tentent de dévoiler leurs mensonges.

Et j’acquis la conviction que la doctrine de l’Église, quoiqu’elle ait pris le nom de « chrétienne », ressemble singulièrement à ces ténèbres contre lesquelles luttait Jésus et contre lesquelles il recommande à ses disciples de lutter.

La doctrine de Jésus, comme toute doctrine religieuse — contient deux parties : 1o une partie morale, éthique, où il est enseigné comment les hommes doivent vivre chacun séparément et tous ensemble ; 2o une partie métaphysique ou se trouve expliqué pourquoi il faut que les hommes vivent ainsi et non autrement. — L’une est la conséquence et en même temps la raison de l’autre. L’homme doit vivre ainsi parce que telle est sa destinée, ou bien : la destinée de l’homme est telle, par conséquent, il doit vivre ainsi. Ces deux parties de