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mots, tels qu’ils sont dits, pour qu’aussitôt, dans toute la doctrine de Jésus, non seulement dans le sermon sur la Montage, mais aussi dans les quatre Évangiles, tout ce qui semblait embrouillé devînt clair, ce qui semblait contradictoire s’accordât, et surtout ce qui semblait superflu devînt indispensable.

Tout se fondit dans un ensemble harmonieux, chaque partie complétant l’autre, comme les morceaux d’une statue brisée que l’on rajuste selon les règles.

Dans le sermon sur la Montagne, ainsi que dans tout l’Évangile, de tous les côtés, je voyais s’affirmer la même doctrine : « Ne résistez pas au méchant. »

Dans ce sermon, comme dans tant d’autres passages, partout Jésus se représente ses disciples, c’est-à-dire des gens qui observent la règle de ne pas résister au méchant, comme présentant la joue, cédant leur manteau, persécutés, suppliciés et mendiants.

Partout Jésus répète plus d’une fois que quiconque n’a pas pris sa croix, n’a pas renoncé à tout, autrement dit, celui qui n’est pas prêt à supporter toutes les conséquences du commandement : « Ne résiste pas au méchant, » ne peut être son disciple.

À ses disciples, Jésus dit : « Soyez mendiants, soyez prêts à endurer, sans résister au méchant, persécutions, supplices et trépas. » Lui-même se prépare à souffrir et à mourir sans résister au méchant, réprimande Pierre qui en exprime sa tristesse, et enfin meurt en exhortant à ne pas résister et à être toujours fidèle à sa doctrine.

Tous ses premiers disciples observent cette règle et passent leur vie dans la misère, les persécutions, et ne rendent pas le mal pour le mal.

Ainsi donc, Jésus disait bien ce qu’il disait. On peut