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sauvés. Ils disent : fais en sorte que nous croyions, — c’est ce que disaient les Juifs à Jésus, en lui demandant des miracles. — Par des miracles, ou par des promesses de récompense, fais en sorte que nous ayons foi dans notre salut ! »

Les disciples disent ce que nous disons nous-mêmes : Ah ! combien il serait agréable de pouvoir vivre de notre vie égoïste, et de croire encore en même temps qu’il vaudrait beaucoup mieux pour nous, pratiquer la doctrine de Dieu. C’est là une attitude qui nous conviendrait ; mais elle est contraire au sens de la doctrine de Jésus, et nous nous étonnons ensuite de ne pouvoir aucunement avoir la foi. Comment Jésus dissipe-t-il ce malentendu ?

Par une parabole dans laquelle il montre ce que c’est que la vraie foi. La foi ne peut provenir de la confiance en ses paroles ; la foi provient uniquement de la conscience de notre situation. La foi est basée uniquement sur la conscience raisonnée de ce qu’on a de mieux à faire dans une situation donnée. Il démontre qu’on ne peut pas éveiller cette foi dans les autres par des promesses de récompense ou des menaces de punition ; que cette foi-là ne sera qu’une confiance très faible, qui croulera à la première épreuve, mais que la foi qui déplace les montagnes, — celle que rien ne saurait ébranler, se fonde sur la conscience de notre perte inévitable si nous ne profitons pas du salut qui nous est offert.

Pour avoir la foi, il ne faut compter sur aucune promesse de récompense. Il faut comprendre que l’unique moyen d’échapper à l’inévitable naufrage de la vie, c’est la vie conforme à la volonté du Maître. Quiconque