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par là qu’une chose, — c’est qu’il ne comprend pas le sens de la vie. Les hommes, après avoir reçu un bienfait, exigent encore autre chose. Les ouvriers de la parabole se tenaient au marché oisifs, malheureux, — ils ne vivaient pas. Un Seigneur les prend et leur donne le bonheur suprême de la vie, — le travail.

Ils acceptent le bienfait du Seigneur et puis ils sont mécontents, parce qu’ils n’ont pas nettement conscience de leur situation. Ils sont venus travailler avec leur fausse doctrine de droit au travail et à la vie, par conséquent, avec l’idée de la rémunération qui leur est due pour leur travail. Ils ne comprennent pas que ce travail est le bien suprême qu’ils ont reçu gratis et pour lequel ils doivent s’efforcer de se montrer reconnaissants, et non pas exiger un payement. C’est pourquoi les hommes qui ont des idées à l’envers sur la vie, comme ces ouvriers, ne peuvent pas avoir la foi véritable.

La parole du Maître et de son ouvrier, qui revient des champs, dite en réponse à la prière des disciples de raffermir et d’augmenter leur foi, précise encore plus nettement quelle est la base de la foi enseignée par Jésus.

(Luc, xvii, 5, 10). Aux paroles de Jésus que le bien c’est de pardonner à son frère, non pas une fois, mais sept fois soixante-dix fois, — les disciples, épouvantés de la difficulté d’observer cette règle, objectent : … qu’il faut avoir la foi pour pratiquer cela ; raffermis donc et augmente en nous la foi, disent-ils, comme précédemment ils demandaient : Que recevrons-nous pour cela ? Maintenant ils tiennent exactement le langage des soi-disant chrétiens : Je veux croire, mais je ne puis ; raffermissez en nous la foi que nous serons