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en ceci, que le culte rendu au Dieu de Moïse était le culte d’un peuple pour son Dieu, tandis que le culte rendu au Père de Jésus-Christ est le culte du Dieu de l’humanité entière. La perpétuité de la vie dans la postérité d’un peuple était douteuse, parce que le peuple lui-même pouvait disparaître et aussi parce que cette perpétuité dépendait de la postérité selon la chair. La perpétuité de la vie, selon la doctrine de Jésus, est indubitable, parce que la vie, selon sa doctrine, est propre à toute l’humanité, au Fils (de l’homme) qui vit suivant la volonté de Dieu.

Admettons que les paroles de Jésus sur le jugement dernier, la fin du siècle et d’autres paroles de l’Évangile de saint Jean aient le sens d’une promesse de la vie d’outre-tombe pour les âmes des hommes enterrés ; il n’en est pas moins indubitable que son enseignement sur la lumière de la vie, sur le règne de Dieu, a pour nous le même sens que pour ses auditeurs de jadis, c’est-à-dire que la seule vraie vie, c’est la vie du Fils de l’homme, conforme à la volonté du Père de la vie. Cela est d’autant plus facile à admettre que la doctrine de la vraie vie, conforme à la volonté du Père de la vie, contient la conception de l’immortalité de la vie d’outre-tombe.

Peut-être est-il plus juste de penser que l’homme, après cette vie mondaine, employée à satisfaire ses volontés personnelles, entrera tout de même en possession d’une vie éternelle, personnelle, dans le paradis où il goûtera toutes les jouissances imaginables ; mais croire qu’il en est ainsi, tâcher de se persuader que, pour nos bonnes actions, nous serons récompensés par la félicité éternelle, que nos mauvaises actions entraî-