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Voici, j’ai mis devant vous la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisissez la vie, afin que vous viviez vous et votre postérité pour aimer l’Éternel, pour obéir à sa voix et pour s’attacher à lui, car de là dépendent la vie et la prolongation de la vie. »

La différence principale qu’il y a entre notre conception de la vie humaine et celle des Juifs consiste en ce que, d’après nos idées, notre vie mortelle, qui se transmet de génération en génération, n’est pas la vraie vie, mais une vie déchue, gâtée temporairement par une cause quelconque ; selon les Juifs, au contraire, cette vie est la vraie, le bien suprême donné à l’homme à condition qu’il observe la volonté de Dieu. À notre point de vue, la transmission de cette vie déchue de génération en génération est la transmission d’une malédiction ; au point de vue juif, c’est le bien suprême auquel l’homme peut prétendre, à la condition qu’il accomplira la volonté de Dieu.

C’est précisément sur cette conception de la vie que Jésus fonde sa doctrine de la vie véritable ou éternelle, qu’il oppose à la vie personnelle et mortelle.

« Lisez avec soin les Écritures ; dit Jésus aux Juifs (Jean, v, 39), parce que vous croyez y trouver la vie éternelle, et ce sont elles qui rendent témoignage de moi. »

« Le jeune homme demande à Jésus (Matth., xix) : Comment entrer dans la vie éternelle ? Jésus, en réponse à la question sur la vie éternelle, lui dit : « Si vous voulez entrer dans la vie, gardez les commandements » (il ne dit pas la vie éternelle, mais simplement la vie). Il répond la même chose au scribe : « Faites cela, et vous vivrez » (Luc, x, 28), et de nouveau il dit : « Vous vivrez »