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dessus de tout, quiconque identifiera sa vie avec lui, celui-là ne s’aliénera pas la vraie vie. Les hommes s’aliènent la vie parce qu’ils ne croient pas à la lumière qui est en eux, à cette lumière dont parle saint Jean dans son Évangile quand il dit : « En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes. »

Jésus enseigne à élever au-dessus de tout le fils de l’homme qui est le fils de Dieu et la lumière des hommes. Il dit : quand vous aurez élevé, c’est-à-dire mis au-dessus de tout le fils de l’homme, alors vous reconnaîtrez que je ne dis rien de mon propre chef (Jean, viii, 28).

On lui demande qui est ce fils de l’homme qu’on doit élever (Jean, xii, 34). À cette question, Jésus répond (35) : La lumière est encore pour un peu de temps en vous[1] ; marchez pendant que vous avez la lumière, afin que les ténèbres ne vous surprennent point : « Celui qui marche dans les ténèbres ne sait où il va. »

À la question : Qui est ce fils de l’homme ? Jésus répond : C’est la lumière qui est dans chaque homme et qui doit éclairer sa vie.

Luc xi, 35. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien seront grandes les ténèbres ! dit Jésus en enseignant le peuple.

À toutes les époques, nous trouvons dans l’humanité la même pensée, que l’homme est le réceptacle de la lumière divine descendue du ciel, et que cette lumière c’est la raison, qu’elle seule doit être l’objet de notre culte, et qu’elle seule nous procure le vrai bien.

Cela a été dit par les maîtres des brahmines et par

  1. Dans toutes les traductions de l’Église, on commet, à cet endroit, une erreur peut-être intentionnelle. Au lieu des mots en vous, partout où se rencontrent ces mêmes mots on lit avec vous.