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elle est la raison et il est complètement impossible de nier la raison en faisant usage de sa raison.

La doctrine de Jésus enseigne que la qualité de « fils de l’homme » est commune à tous les hommes, c’est-à-dire que tous les hommes ont en commun l’impulsion vers le bien et vers la raison qui les éclaire dans la recherche du bien. Il est complètement superflu de prouver que « fils de l’homme » veut dire fils de l’homme. Pour sous-entendre dans les mots « fils de l’homme » quelque chose d’autre que ce qu’ils signifient, il faut prouver que Jésus employait avec intention, pour dire ce qu’il voulait, des mots qui avaient un tout autre sens. Mais quand même, comme le veut l’Eglise, « fils de l’homme » signifierait « fils de Dieu », l’expression « fils de l’homme » ne se rapporterait pas moins à l’homme, à son essence, car Jésus appelle tous les hommes « fils de Dieu. »

La doctrine du « fils de l’homme », qui est la base de tous les Évangiles, trouve son expression la plus complète dans l’entretien avec Nicodème. Chacun, dit Jésus, possède outre la conscience de sa vie matérielle, individuelle, et de sa naissance charnelle d’un père et d’une mère, la conscience de sa naissance d’en haut (Jean, iii, 5, 6, 7), la conscience de ce qui en lui est libre, de ce qui existe par soi-même ; c’est là ce qui naît d’en haut, de l’infini que nous appelons Dieu (Jean, iii, 14-17) ; or c’est cela même, ce qui est né de Dieu, ce fils de Dieu dans l’homme, que nous devons posséder et faire grandir en nous, pour posséder la vie véritable. Le fils de l’homme est fils homogène de Dieu.

Quiconque élèvera en lui-même ce fils de Dieu au--