ne doit pas paraître à cet homme comme le produit d’une complète démence.
Quelque étrange et saisissant que cela me parût, je ne pus pas ne point le reconnaître, parce que cela seul me donnait l’explication de cette singulière objection dénuée de logique et de bon sens que j’entends de tous côtés contre la possibilité de pratiquer la doctrine de Jésus : elle est admirable et donne le vrai bien aux hommes, mais les hommes ne peuvent pas la pratiquer.
Seule une conception qui prend pour la réalité ce qui n’existe pas, et considère comme n’existant pas ce qui est, a pu amener les hommes à cette surprenante contradiction. Et cette fausse conception, je la trouvais dans la religion pseudo-chrétienne que l’on enseigne depuis 1,500 ans.
L’objection que la doctrine de Jésus est excellente, mais impraticable, ne se rencontre pas seulement chez les croyants, on la retrouve aussi dans la bouche des sceptiques — des gens qui ne croient pas ou pensent qu’ils ne croient pas aux dogmes de la déchéance et de la rédemption ; d’hommes de science, de philosophes, qui se considèrent comme libres de tout préjugé. Ils ne croient, ou s’imaginent qu’ils ne croient à rien et se considèrent comme bien au-dessus de superstitions telles que les dogmes de la déchéance et de la rédemption. Au début, je pensais ainsi. Il me semblait que tous ces personnages avaient de sérieux motifs de nier la possibilité de pratiquer la doctrine de Jésus. Mais, en approfondissant le principe de leur négation, je pus me convaincre que les sceptiques, comme les croyants, se font de la vie la même fausse conception ; à leurs yeux, elle n’est pas ce qu’elle est, mais ce qu’ils se figurent