sourds à ce qu’il nous a recommandé comme règles de vie, à ses exhortations, non seulement de ne pas tuer, mais de ne pas se mettre en colère, de ne pas se défendre, de présenter la joue, d’aimer ses ennemis ; nous sommes tellement habitués à appeler les hommes, spécialement préposés au meurtre, — armée chrétienne ; tellement habitués à entendre des prières adressées au Christ pour s’assurer la victoire, nous qui avons érigé l’épée, symbole du meurtre, en une espèce d’objet sacré (au point qu’un homme privé de ce symbole — de son épée — est un homme déshonoré) ; nous en sommes arrivés, dis-je, à un tel point que les paroles de Jésus nous semblent à présent compatibles avec la guerre. Nous disons : S’Il l’avait interdite, Il l’aurait dit plus clairement.
Nous oublions que Jésus ne pouvait pas se figurer que des hommes ayant foi dans sa doctrine d’humilité, d’amour, de fraternité, pussent jamais avec calme et préméditation, organiser le meurtre de frères.
Jésus ne pouvait se figurer cela ; c’est pourquoi il n’a pas pu défendre la guerre à un chrétien. Un père qui exhorte son fils à vivre en honnête homme, sans jamais faire de mal à personne et en donnant ce qu’il a aux autres, — ne peut pas défendre à son fils de tuer les gens sur la grande route. Aucun des Apôtres n’a pu se figurer qu’il fallût défendre à un chrétien ce genre de meurtre qu’on appelle la guerre, ni aucun disciple de Jésus des premiers siècles du christianisme. Voici, par exemple, ce que dit Origène dans sa réponse à Celse, chap. lxiii.
Il dit : « Celse nous persuade d’aider de toutes nos forces l’empereur, de prendre part à ses travaux légis-