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ne pouvoir pas vivre ; et, ayant peur de la mort, je devais employer des ruses pour ne pas me tuer.

Cet état de mon âme se traduisait ainsi :

— Ma vie est quelque méchante et stupide plaisanterie qui m’est jouée par quelqu’un.

Bien que je ne reconnusse aucun quelqu’un qui m’eût créé, cette idée que quelqu’un s’était moqué de moi sottement et méchamment en me produisant au monde, était la forme la plus ordinaire sous laquelle mes inquiétudes se manifestaient.

Il me semblait involontairement que là, quelque part, il y avait ce quelqu’un, qui s’amusait maintenant à me regarder !