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et surtout le meurtre, il ne faut pas parler d’amour, de même qu’aux hommes qui veulent soutenir que l’angle aigu de leur maison est droit, il ne faut pas parler de la perpendicularité des côtés, parce qu’en définissant cet angle, ils se nieraient eux-mêmes. Si l’on parle au nom de l’amour, aucun exemple de meurtre ne montre la nécessité de l’assassinat d’un autre. Il conduit seulement aux conséquences simples, inévitables de l’amour ; à ce que l’homme en couvrira un autre de son corps, donnera sa vie et ne prendra jamais celle d’autrui. Je ne voulais pas prouver, mais je commence à le faire, eh bien ! soit !

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Vous dites très bien que le principal commandement est le commandement d’amour, mais vous vous trompez en disant que chaque commandement en particulier peut amener sa violation ; ici vous confondez deux choses différentes. Prenons les commandements : ne pas manger de porc ; et ne pas tuer, par exemple ; le premier peut être en désaccord avec l’amour, parce qu’il n’a pas l’amour pour objet, mais le deuxième n’est que l’expression du degré que la conscience de l’homme a atteint dans l’amour. L’amour est un nom très dangereux ; au nom de l’amour pour la famille, on commet les actes les plus cruels ; au nom de l’amour