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résistance au mal par la violence. Les hommes savent que c’est mal, mais ils veulent tellement continuer à vivre par la violence, qu’ils emploient toutes les forces de leur esprit, non pour détruire tout le mal qui a été causé et que cause l’acceptation par l’homme du droit de violence sur les autres, mais pour défendre ce droit. Mais ces cas supposés, ne prouvent nullement que les défenses de mentir, de voler de tuer, soient injustes. Fais ce que dois, advienne que pourra ; c’est profondément sage. Chacun sait indiscutablement ce qu’il doit faire, mais qu’en adviendra-t-il, nul ne le sait et ne peut le savoir. Et c’est pourquoi nous sommes conduits à une même conclusion, non seulement parce que nous devons faire notre devoir, mais parce que nous savons ce qu’il faut faire, et que nous ne savons pas du tout ce qui’adviendra de nos actes.

La doctrine chrétienne c’est ce que doit faire un homme pour remplir la volonté de celui qui l’a envoyé dans ce monde. Les dissertations par lesquelles nous imaginons les suites de tels ou tels actes humains, non seulement n’ont rien de commun avec le christianisme, mais c’est cet égarement même qui a été détruit par le christianisme.

Personne n’a jamais vu l’assassin imaginaire et l’enfant imaginaire, mais toutes les horreurs