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babilité, il doit même éprouver dans cette lutte pour ces biens non obtenus beaucoup de souffrances inutiles. 2° Si l’homme acquiert le bonheur terrestre, plus il le possédera, moins il sera satisfait, et plus il désirera. 3° Principalement. Plus l’homme vit, plus il est atteint inévitablement par la vieillesse, les maladies et enfin la mort qui détruit la possibilité de n’importe quel bonheur terrestre.

Ainsi, pour l’homme qui croit sa vie sienne et son but le bonheur terrestre de lui ou des autres hommes, cette vie ne peut avoir aucun sens raisonnable. La vie ne reçoit un sens raisonnable que si l’homme comprend qu’il commet une erreur en reconnaissant sa vie sienne et son but le bonheur terrestre de sa personnalité ou de celle d’autrui ; s’il comprend que sa vie ne lui appartient pas ; qu’il l’a reçue de quelqu’un, mais qu’elle appartient à celui qui la lui a donnée, et que c’est pour cela que son but doit être non d’atteindre son bonheur ou celui des autres mais d’accomplir la volonté de celui qui l’a créé. Il n’y a que cette conception de la vie qui lui donne un sens raisonnable et fixe son but qui consiste à accomplir la volonté de Dieu. C’est la seule conception qui définisse clairement l’activité de l’homme et le mette à l’abri du désespoir et des souffrances.

Le monde et moi en lui — se dit un tel