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comprendre qu’il ne faut pas soi-même faire le mal contre lequel on lutte.

Toutes ces explications sur la non résistance au mal qui semble si compliquée, et les arguments qu’on lui oppose viennent de ce qu’au lieu de comprendre qu’il est dit : « ne t’oppose pas au mal ou à la violence par le mal ou la violence, » on comprend : « ne t’oppose pas au mal » c’est-à-dire : sois indifférent au mal, alors que lutter contre le mal est le seul but extérieur du christianisme, et que le commandement sur la non résistance au mal est donné comme le moyen le plus efficace de lutter avec succès contre lui. Il est dit : Vous êtes habitués à lutter contre le mal par la violence et par la vengeance, c’est un mauvais moyen ; le meilleur moyen n’est pas la vengeance, mais la bonté. C’est comme si quelqu’un essayait d’ouvrir vers l’extérieur une porte qui s’ouvre à l’intérieur, et qu’une personne voyant cela lui disait : ne poussez pas, mais tirez vers vous. Mais cela n’arrive que dans notre société cultivée qui est très en retard. En Amérique, par exemple, cette question a été discutée de tous côtés il y a cinquante ans et maintenant il n’y a plus rien à dire sur ce sujet ; c’est, par exemple, comme si l’on voulait discuter maintenant le système de Copernic, ou celui de Galilée.

Ainsi, d’un côté, il est parfois très triste