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l’humanité, mais aussitôt qu’il a été clair que les hommes souffrent par la violence des uns contre les autres, alors il est devenu impossible de vouloir améliorer la situation des hommes en continuant l’ancienne violence ou en la remplaçant par une nouvelle. De même qu’il n’y a qu’un seul moyen de guérir un alcoolique : supprimer les boissons alcooliques — la cause de la maladie — de même, pour délivrer les hommes de la mauvaise organisation de la société il n’y a qu’un seul moyen : s’abstenir de la violence, cause de tous les maux — de la violence personnelle, de toute propagande et justification de la violence.

Outre que ce moyen est le seul pour délivrer les hommes de leurs maux, son emploi est encore nécessaire parce qu’il s’accorde avec la loi morale de chaque homme de notre temps. Si cet homme a compris que chaque protection de la propriété et de la personne par la violence n’est possible que par la menace de l’assassinat, ou même par l’assassinat, il ne peut déjà avec la conscience tranquille, profiter de ce qui s’acquiert par le meurtre ou par la menace du meurtre, et il participera le moins possible dans l’un ou dans l’autre.

Ainsi, ce qu’il faut pour délivrer les hommes de leurs maux est également nécessaire à la satisfaction morale de chaque homme particu-