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d’objets garantis par la violence, mais chacun peut, en diminuant ses besoins de plus en plus, avoir un nombre de plus en plus restreint de ces objets qui excitent l’envie des autres hommes. Chaque homme ne peut renoncer au salaire payé par le gouvernement (il y en a qui préfèrent la faim au salaire d’un gouvernement malhonnête), mais chacun peut se contenter d’un salaire moindre pourvu que son service soit moins lié à la violence. Chaque homme ne peut renoncer à profiter des écoles du gouvernement (il y en a), mais chacun peut préférer l’école privée à l’autre.

Chacun peut profiter de moins en moins des objets qui sont grevés d’impôts et des établissements de l’État.

Entre l’ordre existant basé sur la rude violence et l’idéal de la vie qui consiste dans la communion des hommes basée sur le consentement raisonnable approuvé par les coutumes, il y a une foule de degrés, par lesquels l’humanité a marché sans cesse et marche ; le rapprochement vers cet idéal ne se fait qu’autant que les hommes s’affranchissent de la participation dans la violence.

Nous ne savons pas et ne pouvons prévoir et par suite prescrire, comme le font les faux savants, les moyens par lesquels se feront l’affranchissement des hommes et l’anéantissement