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mille ; de même pour l’homme qui refusera l’aide du gouvernement pour protéger sa propriété et sa personne. Ne pas profiter des objets qui sont grevés d’impôts, et ne pas profiter des établissements entretenus par l’État, c’est impossible, parce que bien souvent les objets de première nécessité sont grevés d’impôts ; de même on ne peut se passer des établissements d’État tels que la poste, le chemin de fer et autres.

Il est absolument vrai qu’il est difficile à l’homme de notre temps, de renoncer à tout concours dans la violence du gouvernement ; mais si chaque homme ne peut arranger sa vie pour ne participer aucunement à cette violence, est-ce à dire qu’il ne lui est pas possible de s’en affranchir de plus en plus ? Chaque homme n’aura pas la force de refuser d’entrer au régiment (il y en a qui l’ont), mais chaque homme peut ne pas entrer de son bon gré au service militaire, policier, judiciaire ou fiscal, il peut préférer à des appointements avantageux payés par le gouvernement, un service particulier moins rétribué. Chaque homme n’aura pas la force de renoncer à sa propriété foncière (bien qu’il y en ait qui y renoncent), mais chaque homme peut, en comprenant la criminalité de telle propriété, en rétrécir les limites. Chaque homme ne pourra renoncer à la possession d’un capital (cependant il y en a) et aux jouissances