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autres ne peut être que la violence, non pas la simple violence, celle d’un homme contre un autre dans un moment de passion, mais la violence organisée, employée consciemment par ceux qui ont le pouvoir de forcer les autres à remplir les règles qu’ils ont instituées, c’est-à-dire, à faire leur volonté.

C’est pourquoi l’essence des lois n’est ni dans le sujet ou l’objet des droits, ni dans l’idée de l’État, ni dans la volonté commune du peuple, ni dans d’autres conditions indirectes et vagues mais dans cela seul : qu’il y a des hommes qui en dirigeant la violence organisée, ont la possibilité de forcer les autres à remplir leur volonté.

Ainsi une définition des lois juste, précise, claire pour tous sera celle-ci : Les lois sont les règles instituées par les hommes qui dirigent la violence organisée ; et pour les rendre obligatoires, ceux qui ne les observent pas sont soumis aux coups, à la privation de la liberté et même à l’assassinat.

Dans cette définition se trouve la réponse à la question : Qu’est-ce qui donne aux hommes la possibilité d’instituer des lois ? Ce qui donne la possibilité d’instituer des lois, c’est ce qui garantit leur observation, c’est-à-dire : la violence organisée.