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imposé des tributs, non pour les besoins communs, mais pour eux-mêmes. La même chose existe encore maintenant, les impôts sont pris par ceux qui ont le pouvoir de le faire ; et si une partie de ces tributs, qu’on appelle impôts et contributions, est employée pour les besoins sociaux, c’est en général pour telles œuvres sociales qui sont plus nuisibles qu’utiles à la majorité des hommes.

Ainsi, par exemple, en Russie, on prend au peuple un tiers de ses revenus, et pour les besoins essentiels : pour l’instruction du peuple on emploie 1/50 de ce tiers, et encore pour une instruction qui fait au peuple plus de mal que de bien ; le reste, soit 49/50 est employé à des œuvres inutiles et nuisibles pour le peuple, telles que l’armement, les chemins de fer stratégiques, les forteresses, les prisons, l’entretien du clergé, de la cour, le salaire des employés civils et militaires, c’est-à-dire l’entretien de ces hommes qui soutiennent la possibilité de prendre cet argent au peuple.

La même chose se passe non seulement en Perse, en Turquie et aux Indes, mais dans tous les États chrétiens constitutionnels et dans toutes les républiques démocratiques. On prend à la majorité du peuple non pas ce qu’il faut d’argent, mais le plus qu’on peut et avec ou sans le consentement des contribuables (tous savent