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puissent pas profiter de la terre qui est considérée comme la propriété des autres hommes ? Est-il juste que les hommes donnent aux autres, sous la forme des impôts qu’on exige d’eux, une partie de leur travail ? Est-il juste que les hommes ne puissent profiter des objets qui sont considérés comme la propriété des autres ?

Est-il vrai que les hommes ne peuvent profiter de la terre qui est considérée comme la propriété de ceux qui ne la cultivent pas ?

On dit que cette loi existe parce que la propriété foncière est la condition essentielle du développement de l’agriculture, et que s’il n’y avait pas la propriété individuelle, transmissible par héritage, les hommes se chasseraient l’un l’autre de la terre occupée, et personne ne travaillerait à améliorer la partie qu’il occupe. Est-ce vrai ?

L’histoire et la réalité donnent une réponse à cette question. L’histoire dit que la propriété foncière n’est pas issue de l’intention de garantir la possession de la terre, mais de ce que les conquérants se sont approprié la terre commune et l’ont partagée entre ceux qui les avaient aidés dans la conquête. Ainsi, l’institution de la propriété foncière n’a pas eu pour but l’encouragement des agriculteurs. La réalité montre l’insolvabilité de cette affirmation : que la propriété foncière garantit aux agriculteurs qu’on