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On peut se représenter, selon le projet de Henry George, l’affranchissement de la terre du droit de propriété individuelle, et par suite la destruction de la première cause qui conduit les hommes à l’esclavage. On peut aussi se représenter la suppression des impôts, leur transmission sur les riches, comme cela se fait maintenant dans quelques pays ; mais on ne peut même se représenter, dans l’état économique actuel, une situation dans laquelle, parmi les hommes riches ne s’installeraient pas des habitudes de luxe de plus en plus grand, et que ces habitudes ne se transmettent pas, peu à peu aux classes ouvrières qui sont en contact avec les classes riches, aussi inévitablement et aussi irrésistiblement que l’eau dans la terre sèche ; et que les classes ouvrières, pour satisfaire leurs besoins, ne vendent pas leur liberté. Ainsi cette troisième condition, bien que l’homme, semble-t-il, puisse résister aux tentations, bien que la science ne la reconnaisse pas comme la cause de la situation misérable des ouvriers, est la cause la plus forte et la plus irrésistible de l’esclavage.

Les ouvriers, en habitant près des hommes riches, acquièrent toujours de nouveaux besoins qu’ils ne peuvent satisfaire qu’en fournissant le travail le plus pénible.

Ainsi, en Angleterre et en Amérique, des ou-