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maîtres ; de même que malgré le crépuscule la journée se divise en jour et en nuit.

Si chez le propriétaire de notre temps, il n’y a pas l’esclave Ivan qu’il peut envoyer aux fosses d’aisances porter ses excréments, il a trois roubles qui sont si nécessaires à des centaines d’Ivan, que le propriétaire de notre temps peut choisir n’importe lequel parmi ces centaines d’Ivan, et lui faire la grande faveur de lui permettre de nettoyer ses ordures.

Les esclaves contemporains sont non seulement tous ces ouvriers de fabriques et d’usines, qui pour exister doivent se vendre aux propriétaires de fabriques et d’usines, mais presque tous les laboureurs qui cultivent sur les champs étrangers le blé étranger ou qui cultivent leur propre terre, mais seulement pour payer les intérêts de leurs dettes.

Des milliers d’esclaves sont les nombreux laquais, cuisiniers, domestiques, portiers, cochers, garçons de bureau et autres qui toute leur vie font les choses les plus contraires à la dignité humaine et répugnantes pour eux-mêmes.

L’esclavage existe en pleine vigueur, mais nous ne le remarquons pas, de même qu’en Europe, à la fin du XVIIIe siècle, on ne remarquait pas la situation des serfs. Les hommes de cette époque croyaient que labourer la terre