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mes libres échangeront ainsi leurs travaux. Mais la distribution du travail par laquelle l’ouvrier fait toute sa vie un centième d’un objet quelconque ; ou le chauffeur qui à une température de 50 degrés s’empoisonne par des gaz délétères, n’est pas avantageuse pour les hommes parce que, pour la production d’objets infimes, elle mine le bien le plus précieux : la vie humaine. C’est pourquoi la distribution actuelle du travail ne peut exister que par la force. Rodbertus dit que la division du travail fait de l’humanité une commune. C’est vrai, mais seule la division libre du travail — c’est-à-dire celle où les hommes se partagent volontairement le travail — lie l’humanité. Si des hommes ont décidé de faire une route, et si l’un pioche la terre, si l’autre apporte les pierres, si le troisième les casse, etc., telle division du travail lie les hommes. Mais si indépendamment du désir, et quelquefois même contre la volonté des ouvriers, on construit un chemin de fer stratégique, ou la tour Eiffel, ou toutes ces choses insignifiantes dont est pleine l’Exposition universelle ; et si un ouvrier est forcé d’extraire le minerai, l’autre, d’apporter le charbon, le troisième de fondre le minerai, le quatrième, de couper le bois, le cinquième, de le raboter, etc., sans avoir même la moindre idée de la destination des choses qu’ils font, une telle division du travail non seulement ne