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Mais outre les questions de distribution des produits et de choix du travail, avec la socialisation des instruments de production, se présente encore une question et la principale : sur la répartition du travail qui peut être établie dans la société socialiste. La distribution actuelle du travail est dirigée par les besoins des ouvriers. L’ouvrier consent à passer toute sa vie sous la terre, à faire toute sa vie un centième d’un objet quelconque ou des mouvements monotones des mains, parmi le bruit des machines, par la raison seule que sans cela, il n’aurait pas de moyens d’existence. Mais l’ouvrier qui possède des instruments de production, et qui grâce à cela ignore la misère, ne consentira que par la violence à se soumettre aux conditions abrutissantes de la distribution actuelle du travail. La division du travail est vraiment très avantageuse aux hommes ; mais si les hommes sont libres, la division du travail n’est possible que jusqu’à un certain point que notre société a dépassé depuis longtemps.

Si un paysan s’occupe exclusivement de cordonnerie et sa femme d’un métier textile : si un autre paysan laboure, si un troisième forge, chacun acquerra dans son travail une habileté exclusive, et l’échange de leurs produits sera très avantageux pour tous. Une telle distribution est donc bonne et naturellement, tous les hom-