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tels objets, il y a toujours des hommes pour trouver inutiles et même nuisibles les expositions, la bière, la viande. Comment forcer ces hommes à participer à la production de telles choses ? Mais, si même les hommes trouvaient le moyen de s’entendre pour produire certains objets, — et ce moyen n’existe pas en dehors de la violence — qui dans une société libre, sans la production capitaliste, sans concurrence, sans l’offre et la demande, décidera sur quels objets il faut diriger promptement les forces ; quels objets il faut faire d’abord ; quels autres ensuite ? Faut-il construire d’abord le Transsibérien et fortifier Port-Arthur, puis après faire des chemins vicinaux, ou inversement ? Faut-il installer d’abord l’éclairage électrique ou l’arrosage des champs ? Et ensuite, encore une question non résolue avec la liberté des ouvriers : qui travaillera et quel travail ? Évidemment il sera plus agréable à chacun de s’occuper de sciences ou de peinture que d’être chauffeur ou vidangeur. Comment concilier les hommes dans cette répartition du travail ?

Aucune donnée statistique ne répond à ces questions.

La résolution de ces questions n’est possible que dans la mesure où il y aura des hommes qui auront le pouvoir d’organiser les choses ; les uns résoudront ces questions, et les autres leur obéiront.