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doxe, catholique ou protestant, mais de nous à ce Dieu par la volonté de qui existent l’univers infini et dans cet univers, la terre ; de même que je vis, moi sur cette terre à Poudoge, à New-York ou dans les déserts de l’Afrique, produit d’une évolution de la vie animale qui se poursuit depuis des milliers de siècles.

La principale différence entre le rapport particulier, exclusif qui est l’objet de toute religion — bouddhisme, brahmanisme, islamisme ou autre — et la véritable foi chrétienne consiste en ceci : toutes les religions, outre qu’elles sont incompatibles avec le savoir et le bon sens, ont pour caractère de se nier, de s’exclure mutuellement tandis que la foi du Christ est intelligible, accessible à chacun et que ni la négation ni le doute ne peuvent tenir contre elle. Cette foi n’est pas exclusive, elle s’harmonise et concorde avec ce qu’il y a de vrai et d’élevé dans toutes les religions.

Elle proclame que le principe universel est esprit, raison et amour. Ce principe, elle l’appelle Dieu ou Père. Elle l’appelle Père parce que chaque homme le reconnaît en lui-même. Tout d’abord l’homme croit vivre de la vie animale ; il pense que sa nature corporelle constitue son « moi ». Puis, à mesure que se développe sa raison, il s’aperçoit que sa nature corporelle n’est pas libre, que son corps souffre et sera