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hommes le salut plus facile par le secours des sacrements, c’est-à-dire de les oindre, de leur faire avaler du pain et du vin… Et cette Église, elle n’existe qu’en Russie. Et tous les hommes qui ont vécu avant sa fondation, tous ceux qui vivent en dehors d’elle sont absolument négligés.

Parlez de tout cela et de beaucoup d’autres choses : du baptême, des icônes, de la commémoration des morts, surtout de ce Dieu punisseur et rédempteur à quelque homme, d’esprit sain, qui n’a jamais rien entendu de pareil, vous verrez les yeux qu’il ouvrira en vous écoutant, s’il ne prend la fuite de peur que vous ne le battiez dans un accès de rage, ou s’il ne vous attache comme un fou dangereux.

C’est parce que ce poison nous a été inoculé dès l’enfance que nous le supportons sans en sentir les effets. Et le plus terrible est que précisément ce poison redoutable déposé en nous goutte à goutte, nous fait considérer comme inutile et inefficace le véritable enseignement du Christ, qui répond si bien aux aspirations les plus élevées des hommes de notre temps.

Dix-neuf cents ans se sont écoulés depuis la venue du Christ, mais sa doctrine, dans toute sa pureté, répond encore aujourd’hui au besoin que nous avons d’établir un rapport de nous à Dieu, non pas de nous au Dieu d’Israël, ortho-