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tres, et que de corruption en corruption il a abouti à l’Inquisition et au fanatisme sauvage ; elle sait ce qu’ont été les conciles où les dogmes furent établis ; elle sait que le bouddhisme avec son maître Çakya et toutes les autres religions ont eu la même histoire ; elle sait que les religions évoluent nécessairement aussi bien que les organismes et les États, qu’elles naissent, se développent, vieillissent et disparaissent comme ont déjà disparu celles de l’Égypte et de la Perse ; elle sait que les livres que nous appelons les « Saintes Écritures » ne nous sont pas venus du ciel, mais que sortis de la main des hommes, ils ont été, dans la suite des temps, épurés et réformés, si bien qu’ils ne peuvent avoir d’autorité indiscutable ; elle sait que la solidité du ciel n’existe pas, qu’Enoch, Élie et le Christ, en s’élevant dans les airs, n’y auraient pu trouver où se nicher et qu’ils volent encore s’ils se sont envolés ; elle sait que les mêmes prodiges par lesquels l’Église essaie de prouver la vérité de ses dogmes, sont rapportés par toutes les traditions religieuses, que l’enfantement par une vierge, les signes accompagnant la naissance, le don prophétique et la sagesse se révélant dans un enfant, l’incorruptibilité, la résurrection, etc., sont autant de traits fabuleux qui se retrouvent dans toutes les religions, comme se re-