Page:Tolstoï - Les Rayons de l’aube.djvu/219

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mes œuvres). C’est comme vous savez, dans les ouvrages interdits que vous trouverez toutes ces réfutations.

Je ne puis être fâché contre vous parce que je vous aime. Ce même motif me fait désirer de vous aider dans la pénible et dangereuse situation où vous vous trouvez. Je veux parler de votre désir de vous laisser hypnotiser dans la foi de l’Église. Cela est très dangereux, parce que dans tel hypnotisme l’homme perd le plus précieux de tous ses biens : sa raison.

Je commencerai par le commencement. Avant la réception de votre lettre j’ai reçu celle d’Isaac Cyrine avec la copie de la requête au gouverneur, et cette requête et votre lettre ont encore excité davantage en moi le désir, la conscience du devoir d’essayer de vous aider, et je dirai franchement, non pas d’aider à vous seul, mais à beaucoup d’hommes qui se trouvent dans la même situation que vous ou marchent vers elle. Je parle des hommes francs, purs, qui acceptent telle ou telle conviction, non pour justifier leur situation avantageuse, mais seulement parce qu’ils voient en elle la vérité.

Une dame qui jouit d’une grande fortune et d’une haute situation à la Cour, m’entretenait un jour de la foi. Elle me disait avoir quant à elle, la « foi du charbonnier ». Et visiblement,