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en Suède, en Hollande, en Suisse, en Russie, soit par des particuliers, soit par des sociétés entières, telles que les Quakers, Ménonites, Nazaréens, et, en dernier lieu, par les Doukhobors, dont la population de 15,000 habitants depuis déjà trois ans, lutte contre le puissant gouvernement russe et qui, malgré les souffrances qu’elle endure, refuse sa complicité au crime du service militaire.

Mais les amis éclairés de la paix, non seulement ne proposent pas ce moyen, mais ne peuvent supporter qu’on l’indique, et, quand ils l’entendent proposer, ils feignent de ne pas s’en apercevoir, ou s’ils veulent bien s’en apercevoir, ils haussent les épaules et prennent un air important et méprisant pour ces hommes grossiers et sots qui emploient des moyens si fantasques et si ridicules, lorsqu’eux en ont un bon : celui qui consiste à mettre du sel sur la queue de l’oiseau que l’on veut attraper, c’est-à-dire à prier le gouvernement, qui ne vit que de violence et de mensonge, de renoncer à ces pratiques.

On dit : les différends entre les gouvernements seront jugés par les tribunaux ou par l’arbitrage. Mais les gouvernements ne veulent pas du tout résoudre ces différends ; au contraire, les gouvernements en font naître s’il n’en existe pas, parce qu’ils n’ont pas d’autres