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centrent en elles une force, une grâce et une sainteté particulières, et leur attouchement, leur baisement, la pose de cierges et les prosternations devant elles aident beaucoup au salut, de même que les messes commandées en leur honneur.

Et c’est cette croyance et non une autre, cette croyance appelée orthodoxe, c’est-à-dire la vraie foi, qui est enseignée au peuple comme le christianisme, depuis de longs siècles, et encore aujourd’hui.

Et qu’on ne dise pas que les prêtres orthodoxes comprennent autrement le sens de la doctrine et que ce sont là d’anciennes formes qu’on ne croit pas nécessaire de détruire. Ce n’est pas vrai. Dans toute la Russie aujourd’hui, cette foi seule est enseignée, par tout le clergé russe, avec un zèle particulier. Il n’y a pas autre chose. On écrit et on parle d’autre chose dans les capitales, mais, au milieu des cent millions d’âmes du peuple, on ne fait que cela, on n’enseigne que cela. Les ministres de l’église discutent entre eux cette autre chose, mais ils n’enseignent que cela.

Ces prosternations devant les reliques et les images saintes font partie de la théologie, du catéchisme. On les enseigne théoriquement et pratiquement au peuple, avec apparat, solennité, autorité, violence ; en l’hypnotisant on le force à y croire, et on préserve jalousement cette foi de toute tentative d’affranchissement du peuple de ces superstitions de sauvages.

Comme je l’ai dit à propos de mon livre, la doctrine du Christ et ses propres paroles relativement à la non-résistance au mal par la violence ont été devant moi, pendant de longues années, l’objet de railleries, de plaisanteries de foire ; et non seulement les ministres de l’Église ne s’opposaient pas à ces blasphèmes, mais ils les encourageaient. Essayez donc de parler sans respect