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partie) est le nom donné par une réunion d’hommes à toute argumentation qui réfute une partie de la doctrine professée par cette société. La signification plus particulière qu’on donne souvent au mot hérésie est celle d’une opinion qui renverse la doctrine qui est établie par l’église et soutenue par le pouvoir temporel.

Il existe un important ouvrage, remarquable, mais peu connu, de Godfrid Arnold (Unpartheyische Kirchen und Ketzer-Historie 1729), qui traite de ce sujet et qui montre l’illégitimité, l’arbitraire, le non-sens et la cruauté de ce mot hérésie dans le sens de réprobation. Ce livre est un essai de description historique du christianisme, sous forme d’histoire des hérésies.

Dans l’introduction, l’auteur pose une série de points : 1o de ceux qui font les hérétiques ; 2o de ceux dont on a fait des hérétiques ; 3o des sujets d’hérésie ; 4o des moyens de faire des hérétiques ; 5o du but et des conséquences de l’excitation à l’hérésie. Chacun de ces points donne lieu encore à de nombreuses questions auxquelles l’auteur répond par des citations de théologiens célèbres, mais en laissant au lecteur le soin de tirer lui-même la conclusion de l’ensemble de son livre.

Comme exemple de ces questions renfermant en elles en partie les réponses, je vais citer les suivantes. Dans le quatrième point, relatif aux moyens de faire des hérétiques, on trouve cette demande (la 7e) : « Est-ce que toute l’histoire ne montre pas que les plus grands maîtres faiseurs d’hérétiques ont été précisément ces savants auxquels le Père a caché ses mystères, c’est-à-dire les hypocrites, les pharisiens et les juristes, ou bien des hommes absolument sans foi et sans morale ? » — Questions 20 et 21 : « Est-ce que, aux époques corrompues du christianisme, les hypocrites et les jaloux n’ont