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Cela a commencé selon le livre des Actes, à la réunion dans laquelle les apôtres examinèrent, à Jérusalem, la question du baptême des non-circoncis et de ceux qui mangent les viandes sacrifiées.

La manière seule de poser la question montrait que ceux qui la traitaient ne comprenaient pas la doctrine du Christ, qui écarte toute cérémonie extérieure, ablutions, purifications, jeûne, sabbat. On lit textuellement dans l’Évangile : « Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui salit, mais bien ce qui sort du cœur. » C’est pourquoi la question du baptême des non-circoncis n’a pu naître que chez des hommes qui aimaient le Maître, qui sentaient la grandeur de sa doctrine, mais qui ne la comprenaient pas encore bien nettement. Aussi, une confirmation extérieure de leur interprétation leur était-elle d’autant plus nécessaire que cette interprétation était fausse. Et c’est pour résoudre cette question, qui prouvait, par la manière dont elle était posée, combien la doctrine était mal comprise, qu’ont été prononcées par cette assemblée ces paroles terribles et néfastes : « Le Saint-Esprit, et nous, nous le voulons ». Pour la première fois les apôtres affirmaient la justesse de certaines de leurs décisions d’une façon extérieure, c’est-à-dire en s’appuyant sur la participation miraculeuse du Saint-Esprit, autrement dit de Dieu. Mais l’affirmation que le Saint-Esprit, c’est-à-dire Dieu, a parlé par l’intermédiaire des apôtres devait être prouvée elle aussi ; et alors on a dit que le jour de la Pentecôte le Saint-Esprit était descendu sous forme de langues de feu sur ceux qui l’ont affirmé (dans le récit, la descente du Saint-Esprit précède cette délibération, mais les Actes ont été écrits longtemps après). Mais il fallait aussi confirmer la descente du Saint-Esprit pour ceux qui n’ont pas vu les langues de feu (quoiqu’il soit