disciplinaires où l’on peut déjà le torturer librement, ou bien on le fait passer pour fou et on l’enferme dans un hospice. Ainsi on en a déporté un à Taschkent, c’est-à-dire qu’on a prétexté son envoi à l’armée de Taschkent ; un autre à Omsk ; un troisième a été jugé pour rébellion et emprisonné ; un quatrième enfin a été interné dans une maison d’aliénés.
Partout la même chose ! Non seulement le gouvernement, mais même la majorité des gens libéraux, des libres penseurs, semble s’être donné le mot pour détourner soigneusement la tête de tout ce qui a été dit, écrit, fait et se fait encore pour révéler l’inconciliabilité de la violence dans sa forme la plus terrible, la plus grossière, la plus nette — celle du caporalisme, c’est-à-dire l’organisation du meurtre — avec la doctrine, je ne dirai pas chrétienne, mais simplement humanitaire, que la société prétend professer.
Ainsi donc les renseignements que j’ai reçus sur la question de savoir jusqu’à quel point a été expliquée depuis bien longtemps et s’explique de plus en plus la véritable signification de la doctrine du Christ, et quelle est, à l’égard de cette explication et de l’observance de la doctrine, l’attitude des classes supérieures et dirigeantes non seulement en Russie, mais encore en Europe et en Amérique, ces renseignements, dis-je, m’ont convaincu qu’il existe dans ces classes une hostilité consciente contre le véritable christianisme, et que cette hostilité se traduit principalement par la conspiration du silence dont on entoure toutes ses manifestations.