l’impossibilité de continuer l’existence sur ses anciennes bases et la nécessité d’établir de nouvelles formes de vie.
Il est déjà clair, pour le plus simple, le plus terre-à-terre, qu’il est fou de demeurer sous le toit d’un bâtiment qui menace ruine, et qu’il faut en sortir. Et, en effet, il est difficile d’inventer une situation plus malheureuse que celle où se trouve aujourd’hui le monde chrétien, avec ses peuples armés les uns contre les autres, avec ses impôts toujours augmentant pour continuer ses armements, avec la haine des classes ouvrières contre les riches toujours croissante, avec la guerre suspendue sur tous comme une épée de Damoclès, prête à tomber à chaque instant, et qui tombera en effet un jour ou l’autre.
Il est douteux que n’importe quelle révolution puisse être plus funeste pour la grande masse du peuple que l’ordre, ou plutôt le désordre actuel, avec ses victimes habituelles du travail surhumain, de la misère, de l’ivrognerie, de la débauche, et avec toutes les horreurs de la guerre prochaine qui engloutira en une année plus de victimes que toutes les révolutions du siècle présent.
Que deviendra l’humanité si chacun de nous accomplit ce que lui demande Dieu par la conscience qui est en nous ?
Est-il mauvais que, sous les ordres d’un maître, j’accomplisse, dans l’atelier qu’il a créé et qu’il dirige, ce qu’il me dit de faire, bien que cela me paraisse étrange, à moi qui ne connais le but final qu’il s’est proposé ? Mais ce n’est même pas cette question : « Qu’adviendra-t-il ? » qui inquiète les hommes lorsqu’ils hésitent à accomplir la volonté du maître : ils se demandent comment vivre en dehors des conditions habituelles de la vie que nous appelons civilisation, culture, sciences, arts. Nous sentons personnellement tout le poids de la vie