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présence le meurtre comme conciliable avec le christianisme (un pasteur a assisté à l’expérience de l’exécution par l’électricité), tous ces faits n’étonnent plus personne.

Une exposition internationale pénitentiaire a eu lieu dernièrement à Pétersbourg. On y a exposé les instruments de torture, les chaînes, des modèles de prisons cellulaires, c’est-à-dire des instruments de supplice pires que le knout et les verges, et les dames et les messieurs sensibles allaient voir tout cela et s’en amusaient.

Personne n’est surpris non plus de ce que la science libérale, tout en reconnaissant l’égalité, la fraternité, la liberté, démontre la nécessité de l’armée, des exécutions, des douanes, de la censure, de la prostitution, de l’expulsion des ouvriers étrangers qui avilissent les salaires, de l’interdiction d’émigrer, de la colonisation basée sur l’empoisonnement, sur le pillage, sur l’anéantissement de races entières d’hommes appelés sauvages, etc.

On parle de ce qui arrivera quand tous les hommes professeront ce qu’on appelle le christianisme (c’est-à-dire diverses confessions hostiles les unes aux autres), quand tous pourront se vêtir et manger à leur faim, quand tous les habitants de la terre seront reliés entre eux par le télégraphe, le téléphone, et communiqueront à l’aide de ballons, quand tous les ouvriers seront pénétrés des théories socialistes et que les associations ouvrières réuniront des millions d’adhérents et posséderont des millions de roubles, que tous seront instruits, liront des journaux, connaîtront toutes les sciences.

Mais, de tous ces perfectionnements, que peut-il résulter d’utile et de bon, si les hommes ne disent pas et ne font pas ce qu’ils considèrent comme la vérité ?

Le malheur des hommes provient de leur désunion,